Et puis, le cannabis au travail ?

Six mois après la légalisation du cannabis récréatif, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec et le Conference Board of Canada dévoilent les résultats de sondages montrant que l’hécatombe n’a pas eu lieu dans les milieux de travail… mais que certaines questions demeurent en suspens.

Les craintes étaient vives. Elles étaient largement infondées, si l’on se fie aux enquêtes respectivement menées auprès de conseillers en ressources humaines québécois et d’employeurs dans l’ensemble du pays. Il n’y aurait ni accroissement de consommation de cannabis sur les lieux de travail ni augmentation du nombre d’accidents de travail. Qui plus est, les organisations jugent qu’elles étaient bien préparées à la légalisation et qu’elles ont pu éviter la plupart des dérives.

85 % des répondants au sondage de l’Ordre des CRHA du Québec « affirment ne pas avoir eu plus de cas reliés à la consommation de drogues à gérer depuis l’entrée en vigueur de la législation ». Voilà qui est rassurant. Au point que, selon les plus récentes données, 74 % des professionnels des ressources humaines seraient maintenant peu ou pas préoccupés par la légalisation du cannabis. Ils étaient exactement aussi nombreux à se dire inquiets par la chose en 2017, puis à quelques mois de la légalisation en 2018. Un renversement total.

Toujours au Québec, 93 % des professionnels des ressources humaines sondés « affirment ne pas avoir constaté une hausse de travailleurs accidentés reliés à la consommation de cannabis ».

Des employeurs bien préparés
« Les préoccupations exprimées avant la légalisation semblent avoir suscité une plus grande vigilance de la part des professionnels des ressources humaines. En anticipant une éventuelle augmentation des problèmes liés à la consommation en milieu de travail, ils ont pu mettre en place des mesures et des mécanismes adéquats pour y faire face », analyse Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre.

Dans l’ensemble du pays, selon le Conference Board of Canada, 68 % des employeurs ont mis en place une nouvelle politique encadrant la consommation de drogues et d’alcool au travail et tenté d’encourager les comportements les plus sécuritaires que possible. « Le mot d’ordre a été de prévenir au maximum les risques de dérapages », explique Monica Haberl, associée de recherche principale.

Sur le territoire québécois, plus de 87 % des répondants disposent d’une politique sur la possession et l’usage du cannabis, selon l’Ordre des CRHA.

Les employeurs canadiens sondés par le Conference Board se disent néanmoins mal outillés à certains égards dans leurs efforts pour encadrer la consommation, se posant notamment des questions au sujet des tests de dépistage ou des formations et ateliers que leurs employés pourraient suivre. L’encadrement de la consommation pour des raisons de sécurité au travail place aussi les organisations dans un dilemme éthique : jusqu’où aller sans porter atteinte à la vie privée ? Des questions à méditer.

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