De « Lidère à Leadership »

Encore jeune adolescent, je regardais à la télé avec mon père le Tour de France cycliste, lorsqu’il s’exclama tout à coup de façon exaltée à l’un des tours, voici le Lidère! Surpris, je tournai vers lui un regard attentif sachant qu’il aimait la course cycliste, mais sans comprendre son expression.

En fait, il s’agissait du coureur de tête que tout le monde poursuivait, désirant ainsi prendre sa place. Cependant non, ici le peloton s’acharnait plutôt à pousser ce premier cycliste vers l’avant, pour aller encore plus vite. Une image s’imposa à moi, celle du train, de la locomotive qui tire les wagons ou encore aux wagons qui poussent la locomotive, un imaginaire fertile pour sûr. 

Une présence parisienne, à une époque, démontra que les français de Paris, avaient le goût de la langue anglaise, ainsi qu’une certaine connaissance de celle-ci. Pourtant, dans cet univers proche de mille neuf cent soixante huit le mot Leader n’y trouvait ni sa place, ni son effet.

C’est au Québec, en 1969, que je découvris l’expression « les Chefs de file », très souvent accolée au terme « de l’industrie ». L’expression était noble et pleine de signification, une expression linguistique qui sentait bon le Fleuron québécois.

L’influence du marché Nord-Américain globalisant, l’omniprésence de nos voisins du sud dans toutes les grandes industries, les marchés, nous amenèrent tous, à peu près, à délaisser le terme de Chef de file et à devenir familier avec le mot Leader et surtout avec celui de Leadership.

Autant, le mot Leader pouvait dire, celui qui est « en avant » « au sommet », autant le mot Leadership aujourd’hui est devenu la façon d’exercer le rôle de Leader. On retrouve dans les grandes lignes de la déclinaison noble du terme, le Charisme, l’Expertise, la Présence, l’Exemple, la Motivation, la Communication, et autres. À l’origine de l’utilisation du mot Leader, en entreprises, les grands de ce monde nous furent parfois cités, ils étaient politiques, guerriers, idéologiques, parfois du monde des affaires : Moshe Dayan, Martin Luther King, Gandhi, Churchill, Mandela, entre autres. On comprenait qu’il fallait s’inspirer de ces fameuses figures de proue.

Les grandes entreprises, en ce temps là, début des années 80, nous parlaient de « Zero base budget » de « Brainstorming » et « Walking the Talk ». Daniel Goleman n’était pas encore connu et il n’avait pas encore écrit intensément, sur le sujet de « l’Intelligence émotionnelle » (1995 et 2002). Cependant J. Peter avait déjà défrayé la chronique avec son fameux livre sur « atteindre son niveau d’incompétence », approche iconoclaste, du milieu 1970, sujet qui indisposait certains sachant que tout être humain avait toujours eu en lui-même des seuils et la possibilité de se développer.

Le Leadership n’est pas une panacée ni une recette, cependant il appartient à son époque. Le dirigisme a évolué vers le Leadership à cause de la pensée, qui elle même a évoluée au cours des temps. Il y a trente ans, on découvrait l’Intelligence Émotionnelle, presque intitulée de Paradoxe à l’intelligence QI, cependant, plutôt une intelligence Parallèle qui permettrait aux dirigeants d’être de meilleurs Leaders, Daniel Goleman, 1998, What makes a leader. La combinaison de ces deux types d’intelligence, d’ailleurs largement reconnues, mais tout aussi méconnues, pourrait bien former un sublime alliage, allant enrichir le creuset de l’humanité. 

Il est entendu que cette pensée est globale et actuelle. Depuis peu, nous assistons à l’émergence d’un nouveau concept, celui du « Neuroleadership », ou, nous dit-on, que le cœur y trouve une grande place, mais aussi les « tripes ». Nous observons que les découvertes scientifiques nous amènent à mieux saisir le fonctionnement des neurones, qui sont activement inter-reliées, au sein du corps humain.

Nous comprendrons que le Leadership est une notion évolutive, dans laquelle nous puisons un espoir certain, dans lequel nous investissons maints efforts. Nous savons que de tout temps, toutes les espèces ont eu besoin d’être dirigées et d’avoir des dirigeants. Nous observons que les espèces animales ont trouvé depuis longtemps leur modèle, et nous comprenons que celui-ci est instinctif. La mouvance humaine est très différente car elle se veut perfectible, évolutive, subtile et réflective. En coaching, le développement du Leadership sous-tend la découverte et l’apprentissage de la « pleine conscience » de soi.

Joseph Anstett, CRHA, ACC  Vice-Président, Gestion de carrière  et Coach chez Optimum Talent

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