Le stress, une maladie comme les autres ?

Vous fréquentez assidument les salles d’attente des médecins ? La faute au stress au travail peut-être, qui, comme nous l’apprend l’étude récemment publiée par l’université Concordia, fait s’accroître les visites auprès des professionnels de la santé. Examen du rapport étroit entre ordonnances, bureau, et ce fameux mal du XXIème siècle.

Selon une étude publiée par des économistes de l’université Concordia à Montréal, les travailleurs soufrant d’une trop grande pression au bureau consultent davantage, et recherchent l’aide des professionnels de la santé concernant des maladies et maux physiques, psychologiques ou encore émotionnels directement liés au stress accumulé chaque jour.

Basée sur l’analyse des données nationales représentatives recueillies entre 2000 et 2008 lors de l’Enquête nationale sur la santé de la population canadienne (ENSP), qui s’attachait notamment à décrire l’état de forme des travailleurs de sept grands secteurs d’activités, l’étude porte des conclusions sans appel.

Les canadiens actifs, âgés de 18 à 65 ans et soumis à un fort stress durant leurs horaires de travail, sollicitent 26 fois plus les services de santé que leurs collègues occupant des emplois moins stressants. Un écart de taille, signe d’un mal être non sans conséquences.

Un stress qui peut coûter cher…

Des conséquences physiques d’abord, car comme le rappelle dans l’étude Mesbah Sharaf, co-auteur et candidate au doctorat d’économie de l’université Concordia, « Un trop grand stress affecte le système immunitaire, augmentant ainsi les risques de contracter une maladie. De nombreuses études ont pu déceler des corrélations directes entre stress au travail et mal de dos, cancer colorectal, maladies infectieuses, problèmes cardiaques, migraines ou encore diabète. Au-delà de ces affections, nous savons désormais que le stress encourage des comportements à risque, tel le tabagisme, la consommation accrue d’une nourriture trop grasse et sucrée ou l’abus de drogue et d’alcool ; et qu’il décourage à l’inverse les comportements sains que sont la pratique régulière d’une activité physique et l’adoption d’un régime alimentaire approprié. »

Les conséquences d’un trop fort stress au travail sont également économiques, la facture s’allongeant à chaque consultation et prise de médicament.

« Si nombres de recherches antérieures ont pu démontrer le lien entre vieillissement de la population, délivrances accrues d’ordonnance, et budget relatif au soin des personnes, peu d’études ont à l’heure actuelle été consacrées au coût médical inhérent aux niveaux de stress constatés sur les lieux de travail », précise dans l’étude Sunday Azgaba, co-auteur, également candidate au PhD à l’université montréalaise.

Reste que les seules dépenses de santé au Canada représentaient en 2007 quelques 10,1 % du produit intérieur brut, alors qu’elles plafonnaient en 1980 à tout juste 7 %.La solution ? « Améliorer les conditions de travail, souvent source de stress, et inculquer aux salariés des stratégies pour mieux faire face aux situations stressantes, pourraient contribuer à réduire les coûts occasionnés autour de la santé », suggère Sundya Azgaba. Une telle stratégie revêtirait en outre d’autres avantages économiques : productivité accrue, diminution de l’absentéisme, rotation moindre du personnel… Combattre le stress, un cercle vertueux ?

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