Le terme rétention est plutôt inapproprié.

Vous avez dit rétention ou détention ?

Le mot rétention semble prendre de plus en plus de place dans le jargon RH, poussé probablement par les prévisions alarmantes de pénurie de main-d’œuvre. Probablement que le choix de ce mot est issu d’une époque révolue ou seule l’entreprise avait le pouvoir de décider du départ d’un employé. Une époque ou l’on travaillait pour la même entreprise tout au long de sa carrière et où l’idée d’aller voir ailleurs ne nous traversait même pas l’esprit. Curieusement le vocabulaire pour exprimer le contraire foisonne : compression, suppression, mise à pied, coup de balai, ménage, coupe, congédiement, remerciement, licenciement, délestage, dégraissage, virer, renvoyer, mettre à la porte, donner son 4%, flusher, slaquer etc…

Il donne une connotation péjorative à un concept au demeurant fort louable : conserver ses meilleurs éléments. Quelque soit la définition que l’on choisit, le terme dessert l’objectif. Action de garder pour soi ce qu’on devrait mettre en circulation selon Le Petit Larousse ou encore Empêchement à l'évacuation selon Le Grand Dictionnaire terminologique. Cela vous arrive souvent de vanter les mérites du « programme de rétention » de votre entreprise à un candidat durant un entretien d’embauche ? Pas très approprié en fait car si le candidat est dans votre bureau c’est qu’il est plutôt intéressé à venir… pas (encore) à partir… Le terme rétention des employés est inapproprié dans le sens de fidélisation des employés. L'action de fidéliser n'est absolument pas assimilable à l'action de retenir. Il y a pourtant bien d’autres termes qui seraient plus appropriés à utiliser. On préserve bien les espèces en voie de disparition, pourquoi ne pas appeler cela « programme de préservation des employés » ?

Retention vient de retenir, empêcher de partir… comme dans détention… Tout le monde connaît l’expression « je ne te retiens pas ». Pourquoi ? Parce que tout le monde sait qu’il ne sert à rien de retenir quelqu’un qui a pris la décision de partir. Il est trop tard, le mal est fait. Combien de temps la solution de la contre-offre comme méthode de rétention pour contrer l’employé clé qui vous annonce qu’il s’en va fonctionne ? Rarement au-delà d’une année… Ne serait-il pas plus judicieux de faire en sorte que l’idée ne traverse même pas l’esprit de vos employés tellement ils sont heureux avec vous ? Rétention c’est lorsque l’on n'a pas fait en amont ce que l’on aurait du faire, lorsqu’il est trop tard et qu’il faut mettre des barreaux aux fenêtres. Ne dit-on pas justement que les primes de rétention et les options d'achat d'actions sont de belles cages dorées. Pour conserver vos meilleures ressources, il faut que chaque employé ait la perception d’en obtenir autant sinon plus chez-vous qu’en face. C’est aussi "simple" que cela.

Toute l'équipe de La Toile des Recruteurs vous souhaitent une bonne rentrée. Manuel Francisci manuelf@latoiledesrecruteurs.com Rédacteur en chef

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