Les personnes malades mentalement toujours en quête d’emploi

Les personnes touchées par des problèmes mentaux sont confrontées à de nombreux défis dans la sphère professionnelle. Pire, 90% de ceux qui souffrent de troubles graves, n’ont pas accès à l’emploi. C’est l’un des constats effectué par une récente étude canadienne.

 

Si 90% de Canadiens atteints de troubles mentaux n’ont pas d’emploi, c’est en raison de préjugés nombreux liés à leur maladie, révèle l’étude « Une main-d'œuvre en quête d’emploi – Emploi et revenus pour les personnes atteintes de maladies mentales graves » réalisée par des chercheurs du Centre de toxicomanie et de santé mentale de l'université de Toronto et celle de Queen's à Kingston. D’après ce rapport commandité par la Commission de la santé mentale du Canada, 62,9% des personnes sans emploi souffrant de maladie mentale et ayant participé à l’étude, ont vécu une forme ou une autre de discrimination en essayant de trouver ou de conserver leur travail. De surcroît, 89,4% d’entre elles ont déclaré avoir été victimes de discrimination en raison de leur maladie.

 

Des a priori qui coûtent 50 milliards de $

La plupart des répondants ont également noté que cette stigmatisation et cette discrimination constituaient d’importantes difficultés dans le maintien de leur santé mentale. D’autres sont allés plus loin en reconnaissant avoir vécu des problèmes dans leurs rapports avec les employeurs, tels que de l’intimidation, des comportements passifs agressifs et des conflits d’intérêt, rapporte l’étude. Ces a priori dont souffrent les Canadiens atteints de troubles mentaux bloquent non seulement leur accès à l’emploi, mais feraient perdre quelques 50 milliards de dollars à l’économie nationale chaque année. Les dépenses relatives au soutien du revenu se chiffrent annuellement à 28,8 milliards de dollars par an, tandis que le nombre de leurs bénéficiaires est en hausse.

 

Une autre politique d’inclusion

Des solutions pour remédier à l’exclusion de cette population existent. Elles passent tout d’abord par une collaboration plus efficace entre les pouvoirs publics, les structures d’encadrement et les entreprises, dans l’implantation de mesures d’inclusion. D’autre part, les politiques de soutien doivent être modifiées ; les régimes actuels d’aide aux personnes en situation d’invalidité ne sont pas adaptés aux personnes ayant une maladie mentale et ne répondent pas à leurs besoins de manière adéquate. L’étude pointe ainsi l’absence d’un dispositif durable visant à favoriser leur intégration professionnelle. Leur retour dans la vie active doit effectivement être progressif et s’appuyer sur un soutien personnalisé qui les aidera à trouver un emploi valorisant. L’étude recommande que cet accompagnement vers l’emploi se fasse le plus rapidement possible, soit dès la prise en charge de la personne par le régime d’invalidité. Car le temps n’est pas un allié des personnes atteintes de problèmes mentaux ; plus elles demeurent en marge d’une vie professionnelle, plus il leur est difficile de la réintégrer.

 

Des formations adéquates

Par ailleurs, les Canadiens souffrant de difficultés mentales reconnaissent que leur manque de compétences peut être un frein à leur l’embauche. Problème : les formations relatives au développement de compétences de la population touchée par les troubles mentaux font défaut. Plus de 60% des répondants ont indiqué que l’une des cinq formes de soutien les plus importantes était la possibilité de parfaire leur éducation et de recevoir une formation leur permettant d’entrer sur le marché du travail ou d’y faire un retour. Les pouvoirs publics ont le devoir de pallier cette absence. L'étude propose d'implémenter des cursus reconnus au sein des universités, des collèges et des établissements canadiens. Des programmes continus de réadaptation psychosociale seraient aussi à envisager.

 

Plus de souplesse et de moyens

Parce que leur capacité de travail est périodique, les personnes atteintes de maladie mentale doivent pouvoir bénéficier de plus de souplesse, d’indulgence et d’ouverture lors de leur retour vers l’emploi. D’autant que près de 90% des répondants ont déclaré avoir travaillé par intermittence au cours des dix dernières années, avec des interruptions longues entre deux emplois pour 66,7% d’entre eux ou courtes pour 22,6%. De plus, 78,2% des personnes interrogées ont été au chômage pendant deux ans et plus depuis 2001. La durée moyenne des plus longues absences du milieu du travail était de 3,9 ans. Classé avant-dernier des pays de l’OCDE en matière de niveaux d’indemnisation des personnes en situation d’invalidité, le Canada doit donc fournir un plus gros effort financier. Une hausse des plafonds d’exemption de gains et des allocations de soutien du revenu plus en phase avec le coût de la vie doivent être appliquées. Des indemnités de transport, de garde d’enfants ou encore de vêtements, pourraient être proposées afin de pérenniser le retour à l’emploi de ces Canadiens exclus du marché de l’emploi.

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