« Notre objectif : bâtir une réelle communauté RH », Al Campa, Directeur Marketing Monde, Taleo
Depuis sa création à Québec, en 1998, Taleo réussit un parcours pratiquement sans faute. Expansion internationale, élargissement de l’offre, changement de nom, introduction en bourse, acquisitions ciblées…
L’an dernier, Taleo a frappé un grand coup en mettant la main sur Vurv, son principal concurrent sur les grands comptes en Amérique du Nord. Leader incontesté sur son marché, Taleo ne compte pas s’arrêter là et affiche de grandes ambitions pour les 10 prochaines années. Al Campa, le Directeur Marketing Monde, revient pour nous sur l’intégration de Vurv et nous expose les projets novateurs de Taleo pour les prochains mois.
Etes-vous inquiet de la crise financière ?
Bien entendu, la crise actuelle est inquiétante. L’économie américaine connaît un fort ralentissement auquel nous faisons tous face. La crise de confiance est partout et les ménages, comme les entreprises, se montrent très prudents avant de faire de nouvelles dépenses.
Nous avons la chance de travailler avec de grandes banques qui ont su résister à la tempête comme Bank of America aux Etats-Unis, la Banque Nationale au Canada ou BNP Paribas en France. De plus, cette période troublée montre plus que jamais l’importance d’avoir les meilleurs talents dans ses équipes. Les grands groupes doivent avoir des outils performants pour les détecter et les faire évoluer. D’où le regain d’intérêt pour nos solutions.
Avez-vous rencontré des difficultés dans l’intégration de Vurv ?
Il est évident que le rachat de Vurv était un dossier complexe. Vurv employait plus de 300 collaborateurs, comptait plus de 1 700 clients et proposait une large suite de produits. Cela n’a donc pas été de tout repos mais je pense que nous sommes proches du but.
Nous avons su profiter de la forte expertise des équipes de Vurv et intégrer leurs très nombreux clients. Avec Vurv, nous équipons par exemple 48 des 100 plus grandes compagnies nord-américaines ! Nous avons identifié les points forts de leurs solutions pour les intégrer dans nos futurs modules. Et petit à petit, les clients Vurv migrent vers les solutions Taleo
Vous ne garderez donc aucune solution Vurv ?
Techniquement, c’est pratiquement impossible d’intégrer des solutions de conception totalement différente. Il faut savoir que les outils Taleo ont été développés pour échanger les uns avec les autres. C’est finalement plus compliqué de faire coexister des solutions totalement différentes que de redévelopper de nouveaux modules en profitant bien entendu du savoir-faire et de l’expertise des équipes de Vurv.
Comment vous positionnez-vous par rapport à Kenexa et Success Factors ?
Les deux sont nos plus sérieux compétiteurs en Amérique du Nord, avec bien entendu les ERP comme SAP ou Oracle. Même si, pour ces derniers, il est très difficile de se mettre au modèle SaaS. C’est pour eux une véritable révolution technologique à laquelle ils ne sont pas préparés. Cela bouleverse tout leur modèle d’affaire, d’où des annonces depuis des années qui ne se traduisent par aucun vrai lancement.
Kenexa est un groupe qui propose de nombreux services aux entreprises comme l’externalisation RH, le conseil, des outils d’évaluation etc… Nous sommes, pour notre part, uniquement un éditeur de logiciels, c’est notre unique priorité. Notre cœur d’activité n’est en fin de compte pas le même.
Sucess Factors présente un modèle SaaS plus proche du nôtre mais cet éditeur mène une politique très risquée. Elle ne suit aucun « métric » de base du modèle SaaS. Si on compare par rapport aux standards du marché, cet éditeur dépense deux fois plus pour acquérir un nouveau client, deux fois plus en budget marketing communication par rapport à son chiffre d’affaires… Success Factors perd donc beaucoup d’argent chaque année alors que Taleo est rentable. Success Factors repose sur un modèle qui a constamment besoin d’argent frais. 2009 risque d’être, dans le contexte actuel, assez difficile pour eux.
Quels sont les deux grands défis de Taleo pour les années à venir ?
Le premier est d’ouvrir notre plate-forme Talent Grid. Le principe est simple : nous permettons à de très nombreux éditeurs de fournir des applications venant s’ajouter à nos outils, un peu comme vous pouvez choisir des applications sur un iPhone. Nous ne pouvons pas tout faire, par contre, il est fondamental pour une entreprise de gérer tous ses process RH au sein d’un même environnement. Cela garantit une réelle cohérence et permet des échanges de données automatiques. Nous avons déjà des accords avec des entreprises proposant des solutions de tests d’assessment, des études salariales, des modules de diffusion d’annonces sur les sites emploi, des services de vérification des références… Et ce n’est qu’un début.
Le second défi est, à plus long terme, de donner tous les outils pour faciliter l’échange au sein de la communauté Taleo. Les chiffres sont impressionnants : nous avons 3 800 clients, 2 600 000 utilisateurs et plus de 100 millions de candidats dans nos bases. Tous ces individus ont intérêt à échanger plus entre eux. Tous les scenarios sont imaginables. Nos solutions permettent un premier stade dans la gestion de talents, mais d’autres sont tout à fait imaginables. FaceBook a montré à tout le monde la puissance de la communauté sur Internet, Taleo n’a-t-il pas aujourd’hui sur ses solutions l’une des plus belles communautés de recruteurs et de candidats au monde ?