Salaire minimum vs « eBay de l’emploi »

   

Ce mois-ci le salaire minimum a grimpé de 0.15$ au Québec. 7,60$ l’heure, 6,85$ pour les salariés au pourboire et pour ceux qui travaillent – encore – dans l’industrie du vêtement, un gros 8,10$… 13 0000 personnes sur une population active de 4 millions sont concernées. C’est peu certes mais c’est énorme en comparaison au taux horaire que l’on peut obtenir sur le marché mondial de la main d’œuvre. En 1998, le taux horaire moyen des travailleurs de l’industrie du vêtement était de 0.54$US au Mexique, 0.30$US en Chine et 0.17$US au Bangladesh… La parade à court terme est de faire travailler à la pièce. Au lieu de payer à l’heure un taux imposé, on paie à la fermeture éclaire cousue à domicile… le temps de préparer le déménagement de la production. Car même à la pièce, la main d’œuvre n’est toujours pas suffisament bon marché en comparaison de ce qui peut se faire ailleurs… loin de notre vue et de notre conscience…

Les quotas d’importation ayant fait place aux accords de libre-échange, il n’est pas étonnant que des pans entier de certaines industries prennent la poudre d’escampette. Maintenant que les marchandises et les services peuvent voyager librement, le lieu de production et la nationalité de la main d’œuvre n’a plus grande importance. Dans le contexte d’un marché du travail mondialisé, le concept du salaire minimum commence à faire figure de vestige d’une époque révolue. Sa vocation de gardien du niveau minimum de rémunération socialement acceptable, aussi louable soit elle, ne pouvait fonctionner que dans un contexte d’ économies fonctionnant en vase clot. Aujourd’hui, au beau milieu d’un processus de mondialisation aussi annoncé que dénoncé, la tendance est plutôt à l’heure du salaire minimum négocié.

Les gouvernements ne faisant plus vraiment le poids pour imposer une rémunération minimale, c’est au tour du marché libre de prendre la relève. C’est ainsi que l’on assiste sur internet à l’émergence de véritable « eBay de l’emploi » ou le salaire à l’embauche fait l’objet d’enchères inversées. Le premier (et le moins scrupuleux) à avoir lancé le bal pour le moment se prénomme jobdumping.de et couvre l’Allemagne. La version internationale est attendue pour cet été. L’employeur qui a besoin de bras plus que de cerveaux a juste à fixer un salaire de départ et a laisser les candidats intéressés postuler en précisant leurs prétentions salariales à la baisse. Les enchères s’arrêtent lorsque le salaire minimum légal est atteint lorsqu’il existe encore ou à défaut, lorsque la personne prête à fournir sa force de travail pour le moins d’argent possible aura « bidée ». Autant dire qu’avec notre 7.60$ de l’heure, la compétition risque d’être féroce. Mais en définitive, ce sont les plus mal pris qui auront la job… Manuel Francisci manuelf@latoiledesrecruteurs.com Rédacteur en chef

Articles récents par
Commentaires

Réseau d'emplois Jobs.ca