Le recrutement : miroir de l’entreprise

Une étude récente, menée par Reed Consulting, au Royaume-Uni (UK) faisait état de certaines statistiques portant à réflexion :

  • 66% des candidats déclarent n’avoir reçu aucune réponse de l’employeur ;
  • 32% découvrent a posteriori que le poste a changé ou n’est plus disponible ;
  • 31% se plaignent d’un manque d’information sur l’entreprise et le poste ;
  • 23% jugent le délai avant l’entretien final excessif ;
  • 80% des candidats ne passeront pas l’étape du 1er entretien. Après quelques recrutements, cela se traduit pour une organisation par des centaines de personnes. Quel est le pourcentage de personnes qui sont des clients de l’organisation parmi ces candidats?

recrutement entrepriseCourtoisie, professionnalisme, respect et rapidité peuvent sembler des termes élémentaires mais sont des prérequis dont plusieurs professionnels du recrutement tardent à acquérir ou ont vraisemblablement choisi d’éluder de leur méthodologie. Malheureusement, dans cette guerre du talent actuelle, le mandataire est client mais le candidat doit l’être tout autant, puisque la bonne gestion de cette double relation client fera toute la différence dans le succès ou l’échec du processus. Les professionnels du recrutement, oeuvrant comme conseiller interne ou encore externe, représentent tous deux l’employeur dans cette relation. En évitant de considérer le recrutement dans une optique de stratégie relationnelle, les recruteurs se mettent à risque de nuire, voire d’entacher la réputation de l’organisation, car les candidats représentent tous des ambassadeurs potentiels et déterminants de cette réputation. Ils partageront leur expérience à d’autres et au fil du temps, l’organisation verra lentement le nombre de candidatures diminuer, rendant le recrutement chaque fois plus pénible. De plus en plus, ces expériences et informations se répertorient sur le web au sujet des employeurs, notamment par le biais de site comme : www.ratemyemployer.ca. C’est ainsi qu’une image et une crédibilité se forgent ou se détériorent. De plus, dans certains cas, les candidats constituent de réels clients de l’organisation. Un poste comblé ne résultera donc pas nécessairement en une réussite, surtout si le processus a permis d’entrer en contact avec plusieurs dizaines de candidats et que la gestion de cette relation avec ces derniers s’est mal exécutée.

Chaque action posée ou omise, de l’affichage du poste à l’offre d’embauche, contribue à nourrir avantageusement ou non l’expérience client qui s’amorce entre les futurs employés et l’organisation. Le processus de recrutement, vu et conduit telle une relation client avec les candidats, représente une vitrine externe unique (la plupart du temps sousutilisée dans les PME) pour l’organisation. Il est parfois même difficile de figurer que le processus de recrutement est effectué par un humain tellement il est dénaturé et demeure à un niveau de simple transaction financière où toute forme de manifestation d’intérêt est esquivée. On fait fi d’établir un lien de confiance, prémisse d’une relation pouvant permettre au candidat d’être séduit et attiré par un aspect distinctif et une amabilité, qui saurait pourtant profiter à l’organisation.

Les recruteurs vont directement à l’essentiel, se souciant exclusivement de répondre à leur ultime interrogation : ce profil correspond-il parfaitement au besoin? C’est une stratégie en définitive, mais qui aura des effets plutôt négatifs pour l’entreprise surtout si le besoin est mal défini ou construit avec une vision réduite. L’unique préoccupation pour le résultat est souvent une préoccupation court terme. Cette approche peut être perçue, amener un malaise et surtout une adaptation subite de la part du candidat à s’ajuster au profil pressenti. Le but doit demeurer la découverte de talents et de potentiels, en assurant un certain arrimage des valeurs. Parfois l’amorce d’une relation semble se concrétiser lorsque l’arrimage d’une candidature avec la description réalisée est positif. Dans ce cas, le candidat sera traité avec davantage d’intérêt et de courtoisie, mais sans plus de considération. À n’importe laquelle des étapes subséquentes si ce “fit ” cesse d’être perçu, le sentiment en sera palpable et les suivis ainsi que toute forme de courtoisie ou de professionnalisme disparaîtront rapidement, comme si le candidat devenait instantanément encombrant.

Les recrutements longs et fastidieux

Les avantages de bien communiquer votre processus de recrutement aux candidats

Il arrive encore malheureusement de constater, même pour des postes stratégiques, que des firmes ou entreprises promettent d’effectuer un suivi rigoureux et ne s’y tiennent pas. Quel sérieux cela laisse-t-il percevoir aux candidats? Certes, certains processus de recrutement sont plus longs que d’autres (pour des raisons administratives par exemple) mais si cet aspect est bien notifié à chaque candidat, cela ne représentera pas un désavantage ou encore une perception négative. Le temps d’attente est parfois difficile pour un candidat qui est en recherche d’emploi. La réelle problématique réside dans la communication auprès des candidats. Un manque de transparence ou un manque d’information constituera une erreur beaucoup plus nuisible pour l’organisation que le fait de posséder un processus plus long que de coutume. Il faut toutefois garder en mémoire que plus le processus s’échelonnera, plus les risques seront élevés de perdre une candidature au profit d’une organisation qui aura su être plus rapide ou efficace dans ses méthodes de recrutement.

En somme, le recrutement est un véhicule de l’image de l’entreprise et génère les bases d’une relation avec un futur employé potentiel. La manière dont un recrutement est conduit et géré en dira long sur l’entreprise. Or, pour que l’entreprise en sorte gagnante en tout point, cette activité réclame la maîtrise de certaines compétences additionnelles de la part des recruteurs. Il faut transiger différemment avec l’ensemble des candidats potentiels: intégrer la gestion de la relation client et en même temps faire la promotion de l’organisation et du poste à pourvoir. L’entreprise sera jugée sur la qualité de l’approche client utilisée. Gérer efficacement et professionnellement cette relation, voire approfondir cette relation en dépassant ainsi l’objectif de simplement concrétiser une transaction, voilà un défi à relever.

Rémi Lachance, CRHA
Président
Gestion Proxima Centauri inc.

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