Meilleure chance la prochaine fois!

Une chronique de la Toile des Recruteurs, écrite il y a 10 ans, me revient en mémoire et cette phrase en particulier : « Tout le monde est, un jour ou l’autre, candidat au moins une fois dans sa vie. Il est toujours trop facile de l’oublier lorsque l’on est… trop occupé à travailler. »

Finalement, on aurait dû écrire : « Trop occupé à recruter! » Plus ça change et plus c’est pareil. Dix ans plus tard, toutes les implantations CRM ou autre outil d’intégration RH n’ont rien changé aux comportements des recruteurs. On peut toujours lire cette fameuse mention qui me rend folle et qui m’enrage à chaque fois que je la lis sur une annonce : « Nous ne communiquerons qu’avec les candidats sélectionnés. » On aura beau crier sur les toits que la marque employeur et le branding sont incontournables, qu’il faut traiter les candidats comme s’ils étaient des clients, on dirait que le message ne passe pas. C’est beau de voir toutes ces entreprises gagner des prix et des trophées mais, au-delà des « bêtes de concours » qu’elles sont devenues au grand bonheur des cabinets de services-conseils en marketing RH, les « bottines ne suivent pas les babines ». Le candidat ordinaire est toujours traité comme un numéro et, si on daigne lui répondre, c’est toujours cette même maudite réponse automatisée sans saveur, sans couleur et sans odeur.

Fotolia_37532036_XS.jpgCertes, le travail de recruteur est ingrat. Pour des centaines de candidats qui s’intéressent au poste à combler, seulement quelques dizaines (quand tout va bien) seront les heureux élus qui seront invités en entrevue. Les autres ne recevront aucune réponse (sauf pour les plus chanceux) puisque « nous ne communiquons qu’avec les candidats retenus ». Ceux-là, bien souvent, devront se battre pour obtenir un suivi, un maigre feed-back et pour finalement se faire dire, des semaines plus tard, que leur candidature n’a pas été retenue… Meilleure chance la prochaine fois! Pas de feed-back plus détaillé, pas d’empathie ni même la moindre trace de coaching ou rétroaction constructive, et ce, même après 3 ou 5 entrevues avec la compagnie et des tests psychométriques ayant exigé de prendre une journée de congé.

Les recruteurs sont trop occupés à recruter. C’est un fait, et j’en fais partie… mea culpa. C’est vrai que l’on ne peut pas traiter de la même façon tous les candidats et investir autant de temps avec eux sinon on n’aurait plus une minute pour combler les mandats qui nous sont confiés ou aller en chercher de nouveau (pour les recruteurs externes). Une journée n’a que 24 h et, dans notre métier, on ne peut travailler la nuit donc on est condamné à travailler entre 7 h et 21 h car, avant ou après, je me vois mal contacter un candidat pour lui proposer un emploi ou encore discuter de sa performance en entrevue, n’est-ce pas? À raison de 75 à 150 courriels par jour incluant les messages LinkedIn, Facebook et Twitter, mais sans compter les messages vocaux, les appels entrants et les 3 à 6 entrevues en moyenne (soit une heure d’entrevue en personne) auxquels s’ajoutent les suivis aux gestionnaires et la rédaction des rapports ou le travail administratif relié au recrutement, je vous laisse faire le calcul sur le temps qu’il reste pour gérer les priorités et s’occuper des candidats qui ne sont pas retenus…

Pourtant, malgré tout, le métier de recruteur est formidable lorsque, bien exécuté, il peut être non seulement gratifiant, mais extrêmement enrichissant. Chaque fois que je raccroche après avoir expliqué les raisons qui font que le candidat n’est pas retenu et que je sens que le candidat a non seulement compris, mais qu’il saura en faire bon usage, je sens que j’ai accompli quelque chose d’important et d’utile. Tellement plus facile d’annoncer les bonnes nouvelles que l’inverse, mais lorsque cela est fait dans le respect et dans un réel souci d’aider l’individu, c’est là que le travail de recruteur fait la différence. Tous les candidats ne sont pas égaux et tous n’ont pas la capacité de recevoir certains messages. Certains ne voudront jamais les entendre ou les assimiler, mais la majorité appréciera l’effort du recruteur et sa transparence. C’est exactement, à ce moment précis, que toutes les stratégies marketing RH et de marque employeur prennent pleinement leur sens.

Quant aux plus jeunes candidats non expérimentés à la recherche de leur premier emploi ou travail d’été, c’est encore pire. Ils ouvrent la porte d’une boutique qui affiche « À la recherche de personnel », ils déposent leur CV une fois, deux fois et rappellent pour avoir des nouvelles, puis rien. « Le grand silence » dans la plus grande indifférence. Trois semaines plus tard, la pancarte est encore là, mais toujours pas de nouvelles. Pas le bon numéro, meilleure chance la prochaine fois! Je me demande par contre si tous ces employeurs en mal de reconnaissance sur les réseaux sociaux et avides de recruter des employés qualifiés, loyaux et motivés se sont demandé comment leur approche du recrutement sur le terrain pouvait nuire à leur réputation. Ces candidats, en passant, sont aussi leurs clients… Attendez de voir le jour où ils boycotteront la marque comme consommateurs, et je ne donne pas cher de leur peau, démographie oblige!

Cher recruteur, en cette période estivale, prenez donc quelques minutes pour répondre personnellement à vos courriels et messages, c’est un investissement que vous ne regretterez pas!

Nathalie Francisci, CRHA, IAS. A
Associée
ODGERS BERNDTSON
Leader mondial en recrutement de cadres

À lire :

http://theundercoverrecruiter.com/recruiters-screw-up-candidates-caring/?utm_content=buffer3d3c4&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

Articles récents par
Commentaires

Réseau d'emplois Jobs.ca