Ménage à trois ! Le candidat, l’employeur et le conjoint

Gérer sa carrière c’est aussi savoir gérer sa vie familiale. Généralement, on pense à la façon d’équilibrer son travail et sa vie personnelle. Mais lorsque vient le temps de prendre une décision face à un nouvel emploi, on a tendance à oublier, celui ou celle qui va vous supporter dans cette transition et vous aider à atteindre vos objectifs. Familles recomposées, gardes partagées la vie personnelle des cadres d’aujourd’hui est parfois un vrai casse tête au quotidien. Certains utilisent même des logiciels sophistiqués pour gérer l’ingérable… Pourtant lorsque le poste que vous convoitiez depuis si longtemps se pointe à l’horizon et qu’il faut prendre une décision, l’association du conjoint (ou de l’ex-conjoint) devient essentielle pour prendre la bonne décision. Tous les experts en gestion des expatriés vous le diront, s’assurer de l’adhésion du conjoint dans la décision professionnelle de partir à l’étranger par exemple est la condition sine quoi non du succès ou de l’échec du projet. Il en va de même pour une mutation ou pour un simple changement d’emploi ou une promotion. Bref, à chaque changement, nous devrions nous assurer que notre « douce moitié » va nous supporter et être au contraire « aidant » dans le processus. Combien de cadres ais-je connu qui, après être passé au travers de longs processus de sélection, l’offre en mains, refusaient car cela ne coïncidait plus avec le projet familial ? La région géographique ne convient plus (pas besoin de se faire muter à Tombouctou, le nouvel employeur peut se situer sur la rive sud ou dans le West Island), changer pour une nouvelle entreprise dans la même région peut remettre en question toute l’organisation à la maison et du coup, poser problème. Les nouvelles responsabilités demanderont plus de temps au travail ? Le poste est idéal mais le salaire est moindre ? Le voyagement sera plus important ? Les avantages sociaux ne sont plus aussi généreux ? Votre conjoint a décidé de changer d’emploi en même temps que vous ?

Récemment, le patron d’un entreprise me confiait qu’après plusieurs mois de recherche pour trouver son Chef de la Direction Financière, une dizaine d’entrevues passées avec l’ensemble des membres de la direction, sans compter la journée de test psychométriques et les frais engagés pour trouver la perle rare il fait enfin une offre. Malheureusement pour lui, le candidat décline après avoir consulté son épouse. Tout bon chasseur de têtes averti vous le dira, le conjoint est souvent un facteur essentiel dans la réussite ou l’échec d’une transaction. Souvent, je me retrouve à parler avec le ou la conjointe pour rassurer, expliquer, juger de la situation personnelle du candidat. La question ne se pose pas uniquement chez les exécutifs, même chez les professionnels de premier niveau c’est une démarche essentielle. Comment faire face à la situation ?

Pour l’individu, certaines étapes sont essentielles (et parfois souvent négligées) et il en est de même pour l’organisation. Qu’elles sont elles ?

  • S’assurer du support du conjoint ou de l’ex-conjoint (lorsqu’il y a des enfants). Discuter du projet de carrière avant de se porter candidat. Tout changement d’emploi va impacter la famille. Que ce soit en raison de nouvelles responsabilités (plus de travail donc moins de disponibilités à la maison..), d’une nouvelle affectation géographique, d’une relocalisation ou encore d’un poste qui demandera plus de voyagement. Il est essentiel que le conjoint sache avant même de débuter les démarches pour changer ce qu’impliquera pour lui et la famille le nouvel emploi de l’autre.
  • Faire le point sur la carrière du conjoint. Aujourd’hui, il n’est pas rare que le couple soit amené à gérer deux carrières en parallèle. Réussir à gérer harmonieusement les deux implique souvent de gérer en alternance. Pendant qu’un reprend ses études pour obtenir un diplôme devant lui ouvrir les portes d’une promotion, l’autre prendra soin de la famille ou du couple et vice-versa. Le faire simultanément n’est pas sans risque. Combien de cadres ais-je entendu me confier que sans l’appui de leur conjoint ou conjointe ils n’auraient jamais pu arriver au niveau qu’il souhaitait ? Il y a cependant toujours « un retour d’ascenseur ».
  • Prendre en compte la personnalité du conjoint. Votre nouvel emploi ou votre nouvel employeur est-il en accord avec les valeurs le style de votre conjoint. Bien que la question puisse sembler farfelue, elle n’en demeure pas moins pertinente. Dans certaines fonctions impliquant un volet de représentation ou de « vie sociale », le style ou la personnalité de votre conjoint peut vous aider comme vous nuire. Certains cadres ou professionnels dont les fonctions les amènent à sortir « en couple » doivent s’assurer que leur conjoint saura les appuyer et les représenter. Galas, cocktails, soupers et autres activités sociales impliquent la collaboration de l’autre. Rares sont ceux qui peuvent affronter seuls ces types d’évènements sans se recruter un « conjoint par procuration » pour faire bonne figure. Lorsque le conjoint est trop en décalage, il faut que le couple soit encore plus solide.

Bien sûr, pour l’entreprise, il est difficile de demander au candidat ou à l’employé de rencontrer le conjoint. La Charte sur les Droits et Libertés de la Personne empêche techniquement tout employeur de s’informer sur sa situation personnelle et familiale mais il n’en reste pas moins que le « facteur conjoint » est une inconnue essentielle à la résolution de l’équation…

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