Recrutement en informatique : état des lieux

En 2001, la bulle des technos a explosé. Maintenant que la poussière est retombée, il est temps de regarder l’état des lieux. Quelle est la situation de l’emploi et du recrutement dans le secteur de l’informatique ? Par Steve Proulx De retour à la programmation normale

Il faut le dire, la situation avant la spectaculaire dégringolade des titres technos était anormale. ” Dans les années 80, nous avons vécu l’ère du PC et des bases de données, dit Gilbert Boileau, vice-président (région du Québec) de CNC Global. Puis, le Web et le Bogue de l’an 2000 sont arrivés. Tout ça a généré beaucoup de demandes pour des gens spécialisés en informatique. La bulle a explosé, c’est un retour à la réalité. ” Le secteur de l’informatique, comme celui des télécommunications ou de l’électronique, vit donc une certaine accalmie. Beaucoup d’entreprises en informatique ont rejoint le niveau de croissance et les marges bénéficiaires des autres industries. Évidemment, un grand nombre de gens qui s’étaient orientés vers ce secteur se retrouvent aujourd’hui sans emploi. ” Il ne faut pas se leurrer, poursuit Gilbert Boileau, en ce moment il y a des gens compétents qui sont sans emploi. C’est une réalité qui n’existait pas il y a 5 ans. ”

Changement d’attitude Depuis l’explosion de la bulle technologique, l’attitude des chercheurs d’emplois semble avoir changé. Du côté des consultants, on cherchera davantage des emplois qui permettront d’acquérir de nouvelles expertises. Plus que jamais, l’entreprise est un tremplin ! ” Les consultants se soucient moins de la compagnie que du projet en tant que tel. On cherche des projets qui utilisent de nouvelles technologies ou qui vont permettre de faire progresser une carrière “, explique François Laganière, directeur de comptes chez Eagle Ressources Professionnelles. D’autre part, les employeurs semblent engager moins de consultants. Auparavant, il n’était pas rare de faire appel à des contractuels pour des projets qui s’échelonnaient sur plusieurs années.

Selon Gilbert Boileau : ” Certains de nos clients avaient entre 50 et 60 % de consultants sur la masse totale de travailleurs dans leur département de TI. Cette proportion est tombée à un niveau de 10 à 30 % aujourd’hui. De plus en plus, on fait appel à des consultants pour occuper des postes de… consultants ! En moyenne, les contrats sont d’une durée de 3 à 9 mois “. En ce qui concerne les emplois permanents, les candidats cherchent surtout la stabilité. ” Ils vont cibler des employeurs qui sont technologiquement à la fine pointe. C’est une valeur qui sera retenue au détriment de l’argent “, ajoute Gilbert Boileau.

Des candidats plus spécialisés Des besoins en main-d’œuvre moins grands, conjugués à un bassin de candidats potentiels plus vaste, font que les employeurs ont tendance à chercher des personnes plus spécialisées. Selon M. Boileau : ” Auparavant, un candidat qui avait été programmeur-analyste et qui était devenu chef de projets pouvait décrocher un emploi en tant que chef de projets. Aujourd’hui, l’entreprise va chercher des gens qui ont des certifications dans le domaine de la gestion de projets. Les employeurs sont beaucoup plus pointus quant à leurs demandes “. Lorsque l’on s’intéresse à la question du recrutement en informatique, il est permis de s’interroger à savoir si l’achat de Cognicase par CGI, (en janvier dernier) aura quelque influence… Plus importante firme de services informatiques au Canada, CGI emploie près de 14 500 personnes dans plusieurs pays. ” On dit qu’un informaticien sur 4 au Québec travaille chez CGI ! “, dit Julie Trudeau, coordonnatrice du service du recrutement chez CGI (qui avoue que ces données sont plus des rumeurs que des statistiques fiables).

Contrairement au reste de l’industrie, l’éclatement de la bulle technologique ne semble pas avoir ébranlé l’entreprise : ” On engage encore beaucoup. L’an dernier, on a embauché entre 300 et 400 personnes et cette année, on risque d’en embaucher encore davantage “, ajoute Julie Trudeau. Puisque la firme est un gros employeur, elle donne un peu les directives quant aux spécialités à la mode. CGI oriente, en quelque sorte, le développement de la main-d’œuvre en informatique au Québec. Pour beaucoup d’informaticiens à la recherche d’un emploi, mieux vaut s’aligner avec les orientations du géant. Selon Julie Trudeau : ” On recrute de tout et à tous les niveaux. Mais actuellement, on parle surtout de progiciels de gestion (SAP) et de ERP (Enterprise resource planning). L’impartition aussi est un service pour lequel on a de plus en plus de demandes “.

Et le futur ? Rien n’indique que le secteur de l’informatique ne connaîtra pas un jour un autre boom comme celui qu’il a connu au cours des dernières décennies. Mais pour le moment, aucune technologie d’importance ne semble vouloir s’imposer, et rien ne vient justifier l’emploi de centaines de personnes dans un court laps de temps. Le secteur de l’informatique n’est plus ce secteur dynamique et fougueux des dernières années, mais il se porte tout de même fort bien. N’est-ce pas là un beau signe de maturité ?

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