Le monde en 2030

A l’occasion du congrès mondial des Ressources Humaine de Montréal, Eric Noël, Vice président Senior d’Oxford Analytica, a dévoilé les fruits de ses recherches sur les tendances à long terme du marché international. Sa conférence, baptisée « », retraçait les évolutions majeures qui impacteront le monde dans les vingt prochaines années.

Viser le long terme

Ce n’est pas parce que rien n’est sûr, qu’il ne faut être sûr de rien ! Eric Noël est catégorique : même si le marché devient de plus en plus incertain et volatile, toute entreprise devrait faire l’effort de prévoir à long terme. « Rares sont les organisations qui ont une vision sur les 20 ans à venir, la plupart pensent et agissent sur du court terme, ce qui a été encore accentué par la crise. »

Pourtant, réfléchir sur ce qu’on veut être dans 20 ans aide à savoir ce qu’on peut faire dans 6 mois. Se doter d’un plan à long terme permet de construire des scenarios, de classer les incertitudes entre risques et opportunités, de renforcer les valeurs de l’entreprise, d’orienter la formation, l’innovation, la stratégie commerciale,… Or il est primordial d’impliquer les RH dans cette réflexion, la compétitivité d’une entreprise étant avant tout basée sur ses ressources humaines.

Le poids de la démographie

Prévoir les répercussions de la démographie sur son entreprise et, plus largement, sur son marché doit notamment être une priorité pour les professionnels des ressources humaines. L’évolution de la population fait en effet partie des grandes tendances évoquées par Eric Noël, tout comme la géopolitique, la gouvernance, la mondialisation, les sciences et les technologies. La répartition de la population va fortement changer dans les prochaines décennies. En 2050, nous devrions compter 9,5 milliards d’habitants sur la planète (contre 6,7 en 2008), dont 1,8 milliard pour l’Inde, 1,4 milliard pour la Chine et seulement 1 milliard pour l’ensemble des pays développés. L’Inde sera donc le premier fournisseur de main d’œuvre d’ici 10 ans.

Nombre de pays développés, dont le Canada, auront justement besoin de cette main d’œuvre. Au Québec, par exemple, le déficit de main d’œuvre est prévu dès 2013, ce qui signifie que le nombre de travailleurs quittant le marché du travail sera plus important que le nombre de travailleurs entrant. « Un des premiers freins à notre croissance risque d’être nous-mêmes, prévient Eric Noël. Nous n’aurons plus assez de travailleurs pour maximiser notre potentiel. » Et plus le temps passera, plus l’écart entre les pays en développement et les pays développés se creusera. Une évolution irréversible et prévisible dès aujourd’hui. « Certes nous garderons un niveau de vie élevé pendant un certain temps, mais jusqu’à quand ? »

Pour les pays développés, il est donc crucial d’élargir dès à présent la part de la population active. Car la plupart font face à un paradoxe : malgré une raréfaction de la main d’œuvre, le taux de chômage des jeunes reste élevé, les femmes sont souvent moins actives que les hommes et les seniors partent à la retraite précocement. Autant de gisements d’actifs sous-employés. Réconcilier rapidement l’offre et la demande de main d’œuvre est un défi incontournable. Les pays, mais aussi les entreprises, qui sauront le relever pourront s’adapter et rester concurrentiels.

Quels enjeux pour les ressources humaines ?

Ces pressions démographiques auront une forte répercussion sur la gestion des ressources humaines. « Avec ce déplacement de l’activité économique vers l’Asie, mieux vaut mettre en place tout de suite des programmes pour former ses employés à la culture asiatique, leur permettre d’apprendre la langue et mieux appréhender ces marchés », recommande Eric Noël. Les RH devraient veiller à multiplier les échanges vers cette partie du globe. Certains pays et régions sont d’ores et déjà mieux placés que d’autres pour relever ce défi, c’est par exemple le cas de la Colombie Britannique.

Les recrutements peuvent également être influencés par ces tendances à long terme. La polyvalence, l’ouverture, la mobilité ou encore la flexibilité sont des compétences à valoriser, afin de recruter des profils capables de trouver des solutions rapidement dans un marché multipolaire et instable. Comme le rappelle Eric Noël, il faut réagir dès maintenant : « on parle de ces évolutions comme de phénomènes prévus pour un futur lointain, et pourtant ils sont déjà à notre porte ! »

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