Votre patron est-il un bon patron ?

À l’heure ou l’on protège les baleines, les ours, les oiseaux rares, et d’une façon générale les espèces animales et végétales en voie de disparition, est-il normal de saccager le potentiel humain ou faut-il envisager de créer également une association de défense ?

Je vous avais dit que je vous réservais une surprise pour ce mois ci. Je prends donc le risque de parler d’un élément crucial des organisations, les patrons et les différents gestionnaires. Ils sont la clé du bien-être au travail et donc de la performance des entreprises. ils sont… ou devraient être, des exemples et des moteurs, des personnes qui nous donnent envie de bien faire, de tendre vers l’excellence… Le patron ou le gestionnaire a un rôle essentiel de la réussite des entreprises, c’est ce que je crois, pas vous ? Lorsque je vois des patrons en première page des journaux et lorsque je rencontre leurs collaborateurs, je constate souvent un décalage entre le discours affiché et la réalité vécue.

La question que je me pose alors est la suivante : peut-on être un bon patron lorsque l’égo déborde de sa mission. Quel est le but du patron ? Faire parler de lui ? Se mettre en avant, gérer sa carrière, son image ? Pourquoi est-il payé ? Pour laisser son « je » et son « moi », dans l’histoire de l’économie ou pour se focaliser avec passion sur la réussite de son entreprise et donc sur la réussite de ses employés ? Aujourd’hui peu de gens connaissent le nom des patrons des entreprises les plus rentables. Pourquoi ? Les vrais gestionnaires et les vrais patrons font leur boulot, ils s’occupent de leurs entreprises et de leurs employés tout simplement. Ils ont une vision, une passion mais avant tout ils se posent la question du qui. Qui est présent dans mon entreprise ? Qui a de bonnes idées ? Qui apporte le meilleur de lui-même ? Avec qui demain je continue de construire mon projet ? Qui me suit et me conseille ? Qui est capable de ne pas être en accord, de me le dire et de m’apporter des éléments qui vont nous faire réussir ? Dans un deuxième temps ils se posent la question du comment. Comment puis-je réussir mon projet avec une équipe fantastique ? Comment puis-je rendre mes employés encore meilleurs ? Comment puis-je les remercier de façon matérielle et émotionnelle ? Comment fais-je pour garder les meilleurs le plus longtemps possible ? Comment conserver la cohésion et les convictions ? Comment générer une créativité pratique et intelligente ? Si beaucoup de patrons se posaient ce genre de questions les meilleurs cadres ne quitteraient pas l’entreprise et les meilleurs de la concurrence viendraient postuler… Une pareille dynamique émotionnelle provoque des résultats à long terme. Être tourné vers les êtres humains ne signifie pas pour autant renoncer à une gestion industrielle et financière rigoureuse, au contraire ! Si je pense à tout cela c’est que je constate qu’il y a encore beaucoup de patrons plongés dans les chiffres et/ou dans la gestion inconditionnelle de leur égo avec toutes les pathologies que l’on connaît… Quel gâchis de talents, que de dégâts humains ! Si j’en crois les données des compagnies d’assurances concernant les assurances collectives, le nombre de dossiers traitant de l’assurance salaire au titre des maladies psychologiques à augmenté de 260% en 10 ans… Y-a-t-il un rapport entre le comportement des patrons et des gestionnaires et cette situation ? Savoir, pouvoir et vouloir… Les patrons et les gestionnaires savent-ils ce qu’ils doivent faire pour changer cette dimension ? Ont-ils le pouvoir de le faire ? Veulent-ils le faire ? Bien sûr les entreprises doivent avoir des résultats, dégager de la marge, tenir les objectifs. Ne crachons pas sur la rentabilité, pour qu’il y ait des emplois, il faut des employeurs. Pour que l’entreprise se développe il faut faire des bénéfices. La question à se poser est : à quel prix ? Je parle ici du prix de la vie. Autre information particulièrement inquiétante, un sondage de RH Canada nous apprend que 52% des employés se disent prêts à changer d’emploi si l’occasion se présente. À l’heure où le recrutement des bon candidats commence à se faire rare, si nous étions en marketing, nous appellerions cela un retournement de marché. Êtes-vous en accord avec ces informations et où en êtes-vous de votre situation professionnelle ? Bien-être ou mal-être, envie de tout plaquer ou désir de vous investir complètement dans votre organisation, faites le point. Petit questionnaire à l’usage des de ceux qui aspirent au bien-être dans le travail. Qui est mon patron et quelle note puis-je lui donner sur les items suivants ?  Respect des autres ?  Politesse vis à vis des autres ?  Écoute des autres ?  Disponibilité ?  Clarté de son message ?  Cohérence entre son comportement et son discours ?  Niveau d’adaptabilité ?  Niveau de compétences ?  Représente-t-il les valeurs que l’entreprise vend à ses clients ? Mais aussi… puis-je répondre à ces questions ? Ai-je à ma disposition les moyens matériels corrects d’accomplir mon métier ? Puis-je faire mon métier à ma façon et y trouver du bien-être ? Suis-je autorisée à développer mes points forts pour augmenter mon talent ? Est-ce que je reçois du feed back positif ? Est-ce que ce feed back est matérialisé par des choses concrètes (primes-bonus-cadeaux-comportements, remerciements sincères…) Puis-je proposer des idées nouvelles et bénéfiques ? Ai-je le droit de prendre des risques ? Suis-je autorisé à me fixer des défis attractifs ? Je suis clairement informé du métier de l’entreprise ? Les objectifs qui me sont fixés sont-ils cohérents ? Est-ce que je connais le marché, la concurrence, les forces et les faiblesses de mon entreprise ? Est-ce que mon patron ou mon gestionnaire ont un vrai projet pour l’entreprise ou l’équipe ? L’ensemble de vos réponses est un éclairage et si vous faîtes cet exercice avec vos collègues vous trouverez sans doute un consensus…. Faudra-t-il ensuite l’afficher ou en parler avec votre supérieur hiérarchique ? En fonction de son niveau d’intelligence émotionnelle vous pourrez trouver une réponse, des solutions. Sachez que souvent les personnes ne se rendent pas compte des conséquences de leur comportement et que beaucoup acceptent de s’améliorer. Je vous propose donc, à exploiter ou à « laisser traîner par hasard », à l’usage des patrons et des gestionnaires, une première voie à creuser pour faire évoluer les choses, le contexte de l’entreprise. Petit mode d’emploi à l’attention de messieurs les patrons et les gestionnaires … Un bon moyen pour comprendre le contexte de votre employé est de se mettre dans sa peau. De s’asseoir physiquement à sa place, de prendre en considération ce qu’il a à accomplir, d’intégrer les objectifs que vous lui avez fixés et les résultats que vous attendez de lui, de l’imaginer en train de faire son travail et de vous demander si vous, vous accepteriez de travailler dans le même contexte, dans les mêmes conditions avec les mêmes relations que celles qui existent ? Si vous êtes du genre contrôlant accepteriez-vous d’avoir sans arrêt quelqu’un sur le dos. Au contraire si vous êtes du genre absent, que vivriez-vous si personne ne s’intéresse à vous ? Pour ceux qui croient dans les émotions et l’intelligence émotionnelle, essayez de mettre des mots sur ce que vit votre employé ? Est-ce de l’anxiété, du détachement, de l’ennui, de l’indifférence, du bien-être, de l’inquiétude ? Si vous ne ressentez rien c’est que votre niveau d’intelligence émotionnelle est particulièrement bas. Si vous estimez qu’effectivement il y a quelque chose à faire mais que vous ne savez pas quoi ou n’imaginez pas comment… vous êtes dans la bonne direction pour développer votre capacité à être un vrai manager. Aussi avant de communiquer avec votre ou vos employés, posez-vous les questions suivantes : Quels objectifs voulez atteindre avec votre équipe et que faites-vous pour que chaque membre de l’équipe participe à l’atteinte du résultat. Évaluez le niveau de cohérence de l’ensemble… Êtes-vous convaincu de votre rôle et de votre valeur ajoutée dans l’équipe, du projet que vous animez et quelles convictions transmettez-vous à vos employés ? Quelle part de créativité vous autorisez-vous et autorisez-vous à vos employés ? Acceptez-vous les innovations, les idées des autres, quel est votre niveau de confiance en vous et dans les autres ? De quoi avez-vous peur ? Doutez-vous de vos compétences et de celles des autres et pourquoi ? Faites-vous aider si besoin, de l’intérieur ou de l’extérieur, n’hésitez pas vous pouvez devenir quelqu’un d’exceptionnel. Vous serez surpris de constater que même vos employés sont prêts à vous conseiller. En synthèse : Permettez-moi de lancer un cri ! Arrêtons le massacre ! L’être humain est respectable, il est plein de richesses, de talents, de potentiel… À l’heure ou l’on protège les baleines, les ours, les oiseaux rares, et d’une façon générale les espèces animales et végétales en voie de disparition, est-il normal de saccager le potentiel humain ou faut-il envisager de créer également une association de défense ? Commencez par le commencement… managez vos patrons ! Didier Reinach Directeur Général InterQualia didier.reinach@interqualia.comwww.interqualia.com

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