Engager une personne handicapée?

Les Oscars ont récompensé cette année deux films mettant en vedette des personnages qui ont su révolutionner leur domaine malgré leur handicap : La Théorie de l’univers, qui raconte la vie du physicien Stephen Hawking, atteint d’une sclérose latérale amyotrophique, et Le Jeu de l’imitation, qui retrace le parcours du mathématicien et cryptanalyste Alan Turing, dont on pense qu’il souffrait du syndrome d’Asperger.

 

La moitié des personnes handicapées ne travaillent pas, selon Statistique Canada. En 2011, le taux d’activité des individus souffrant d’une incapacité légère était de 69 %, contre 79 % pour le reste de la population en âge de travailler. Et la différence est encore plus grande pour ceux qui sont plus limités par leur handicap. Ces chiffres  traduisent le manque d’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail. 

Recruter une personne handicapée est loin d’être une habitude pour les employeurs. Un sondage de BMO Groupe Financier a révélé que seulement trois propriétaires de petites entreprises sur 10 avaient embauché des personnes handicapées en 2013.

 

Des atouts méconnus


Pourtant, si le handicap est souvent perçu comme un déficit, il peut également se transformer en force sur le lieu de travail. « Le handicap peut modifier certains aspects de la personnalité, mais une personne handicapée active axe sa vie sur la recherche de solutions et non sur les problèmes, et cela devient un réflexe pour sa survie. N'est-ce pas là une qualité recherchée par beaucoup d'employeurs? », souligne l’Association des personnes handicapées de la Rive-Sud Ouest (APHRSO) sur son site internet. Certaines personnes handicapées, notamment celles dont le handicap est physique, font en général également preuve d’une grande faculté d’adaptation, ce qui plaira aux organisations en évolution constante. 

La rétention du personnel est aujourd’hui un enjeu essentiel pour de nombreuses entreprises. Or, la difficulté accrue de trouver un emploi pour les personnes handicapées fait qu’elles sont souvent plus fidèles à leur employeur que les autres travailleurs. Au final, si recruter une personne handicapée nécessite parfois une formation spécifique et la mise en place d’accommodements, cet investissement de départ peut se révéler gagnant pour les entreprises.

Certains handicaps sont même des avantages pour certains postes. Par exemple, une personne sourde pourra travailler dans une usine bruyante sans être stressée par le haut niveau sonore. Quant aux personnes trisomiques, elles peuvent se montrer très à l’aise dans l’exécution de tâches répétitives, qui vont rebuter des personnes dites normales. Elles se caractérisent également par une loyauté souvent forte à l’égard de leur patron.

 

De belles réussites


Certaines entreprises ont bien compris que les personnes handicapées constituent un atout pour leur développement. Au Danemark, le père d’un jeune autiste a fondé en 2014 Specialisterne, une entreprise d’informatique employant une majorité de personnes autistes. Aujourd’hui présente dans plusieurs pays, dont le Canada, Specialisterne capitalise sur les qualités des autistes : attention particulière portée aux détails, capacité à résoudre des problèmes et tolérance zéro face aux erreurs. Specialisterne a notamment été imité par le fabricant de logiciels SAP, qui a recruté des personnes autistes, y compris dans son bureau montréalais.

À Lasalle, l’entreprise RécupérAction Marronniers compte 127 employés, dont une centaine de personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Un choix payant puisque l’entreprise de récupération de matériaux recyclables enregistre un chiffre d’affaires de 8,5 millions de dollars et compte même s’agrandir afin de créer une trentaine de nouveaux postes pour des personnes atteintes de troubles mentaux.

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