L’art de recruter les meilleures

Le processus de recrutement devrait-il être différent pour attirer les meilleures… versus les meilleurs? Deux experts nous donnent leur avis sur l’importance de moduler le recrutement afin d’attirer le talent au féminin et sur les mesures à prendre pour y arriver.

 

Bienvenue aux dames

Pour une organisation qui cherche à embaucher davantage de femmes, il importe de faire connaître cette intention, à l’interne comme à l’externe.

 

Sylvie St-Pierre, CRHA, consultante et formatrice en égalité et diversité en emploi, souligne que la haute direction doit s’assurer que son équipe des ressources humaines est bien au fait de cette volonté : « Pour que ça change, les gestionnaires doivent recevoir clairement le message. Sinon, le réflexe est de maintenir la même stratégie d’embauche et de recruter encore des hommes. »

 

L’image de l’organisation doit aussi refléter cet objectif. Afficher des photos de travailleuses sur le site web et dans la documentation de l’entreprise, notamment, permet aux femmes de s’imaginer plus facilement faire partie de l’équipe. Elles seront par conséquent plus susceptibles de poser leur candidature.

 

Les titres de postes doivent eux également refléter cette intention. Si l’appel de candidatures est coiffé d’un titre au masculin seulement, les femmes se sentent moins concernées, estime Sylvie St-Pierre. L’ajout de la version féminine a un impact positif sur la perception que les candidates ont leurs chances de décrocher l’emploi.

 

Aller voir ailleurs

Sylvie St-Pierre conseille aussi aux recruteurs de sortir de leur réseau habituel afin d’élargir le bassin de recrutement. Là encore, il importe d’insister sur son intérêt pour les candidatures féminines.

 

Une autre piste prometteuse consiste à contacter directement les associations qui font la promotion des femmes dans le domaine visé. « Il faut être proactif », résume Mme St-Pierre.

 

Les exigences en question

Sortir de leur bassin habituel de recrutement, c’est précisément ce que souhaitent les employeurs qui font appel aux services de chasseurs de têtes de Thorens Solutions. Leur objectif est généralement de combler de façon urgente un poste aux exigences spécifiques, explique Xavier Thorens, CRHA et président de la firme.

 

Dans ce genre de démarche, l’accent est surtout mis sur l’expérience et les compétences des candidats, sans égard à leur sexe. M. Thorens n’est pas convaincu qu’il faille recruter différemment pour attirer davantage de talents féminins.

 

La principale cible d’intervention se situe à son avis en amont : « Pour que les enjeux d’équité soient réglés, il faut aller chercher plus d’étudiantes. Le travail est surtout à faire là. »

 

Sylvie St-Pierre ne partage pas tout à fait ce point de vue : « Souvent, une exigence qui a l’air neutre est en fait un obstacle à l’emploi pour les femmes. » Elle donne l’exemple d’un permis de conduire spécialisé, que les femmes n’auraient pas spontanément tendance à obtenir, puisqu’elles ne s’imaginent pas occuper les postes essentiellement masculins qui y sont associés.

 

Or, une exigence technique comme celle-ci n’est pas à elle seule garante de compétence. Le conducteur ou la conductrice d’un véhicule lourd doit aussi être ponctuel et avoir à cœur la sécurité, et ces qualités sont féminines autant que masculines. Un employeur qui cherche à recruter des conductrices pourra axer ses critères de sélection sur ces compétences transversales et faire une offre d’embauche conditionnelle à l’obtention du permis.

 

Même principe pour les années d’expérience dans le domaine, qui sont, d’après Mme St-Pierre, un bien mauvais indice de compétence. Mieux vaut selon elle évaluer les dossiers sur la base des accomplissements. Dans les milieux traditionnellement masculins, cette approche contribue à la reconnaissance des compétences des femmes.

 

Des écarts en voie de disparition

Offrir des conditions de travail favorisant la conciliation travail-famille, comme un horaire flexible et des possibilités de télétravail, reste une excellente façon de séduire les travailleuses et de favoriser leur bien-être professionnel. 

 

Xavier Thorens souligne toutefois que les demandes des hommes et des femmes en cette matière se ressemblent de plus en plus. Considérant l’actuelle pénurie de main-d’œuvre, les employeurs doivent tâcher d’y répondre pour retenir les services de travailleurs performants.

 

Le président de Thorens Solutions croit ainsi que les employées de talent sont en meilleure position que jamais pour faire leur place dans les domaines traditionnellement masculins. 

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