Le harcèlement au travail en croissance

Deux récentes études, l’une menée à Ottawa et l’autre au Québec, démontrent que le harcèlement au travail tendrait à prendre de l’ampleur au Canada. Le phénomène concernerait aussi bien le secteur public que le secteur privé, et à des degrés comparables.

28 % des fonctionnaires des bureaux du gouvernement fédéral disent avoir été victimes de harcèlement, sous différentes formes, au cours des deux dernières années. C’est ce que révèle un vaste sondage mené à Ottawa par le gouvernement.

Ce harcèlement, physique ou psychologique, viendrait la plupart du temps d’un patron ou d’un collègue de travail, selon le sondage. Les personnes handicapées (49 %), les Autochtones (42 %), les minorités visibles (33 %), et les femmes (31 %) qui travaillent pour le gouvernement fédéral se disent plus souvent victimes que les autres de harcèlement.

Des situations qui engendrent des absences de longue durée car le milieu de travail devient insupportable pour le salarié harcelé, qui ne peut de toute façon travailler de façon productive. Résultat, cela entraîne des frais importants pour l’employeur.

En 2001, le gouvernement fédéral a mis en place une politique pour prévenir et régler les cas de harcèlement, ainsi que des mécanismes pour aider les employés qui en sont victimes. Toutefois, pour les syndicats, les résultats du sondage démontrent que ces méthodes ne fonctionnent pas.

31 % des travailleurs québécois témoins ou victimes de harcèlement

Autre lieu, autre étude, résultats tout aussi inquiétants : 31 % des travailleurs québécois affirment qu’ils ont été témoins ou victimes de harcèlement psychologique dans leur milieu de travail, selon un sondage CROP réalisé en Avril pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA). Des résultats que l’Ordre juge préoccupants, à l’heure des célébrations du cinquième anniversaire de l’ajout de dispositions pour contrer le harcèlement psychologique dans la Loi sur les normes du travail. Le sondage ne démontre certes pas qu’il s’agit dans tous les cas de harcèlement psychologique au sens de la Loi, mais il révèle néanmoins l’existence de tensions dans les milieux professionnels.

Les dispositions législatives de lutte contre le harcèlement psychologique semblent bien connues de l’ensemble des travailleurs, puisque 81 % des répondants savent qu’il existe une telle protection pour les travailleurs au Québec. Cependant, le sondage révèle aussi que les femmes seraient plus réticentes que les hommes quant à entreprendre des recours si elles étaient victimes de harcèlement : une femme sur quatre aurait peur de porter plainte contre son employeur si elle était victime de harcèlement psychologique, alors que ce pourcentage est de 14 % chez les hommes. Par ailleurs, les craintes s’estompent lorsqu’il s’agit de porter plainte contre un collègue : 17 % des femmes et 9 % des hommes craindraient de porter plainte dans ce cas.

Enfin, il semble que mieux on gagne sa vie, plus on a peur de se plaindre : 9 % des salariés qui gagnent entre 20 000 $ et 40 000 $ annuellement sont dans ce cas, contre 25 % des travailleurs dont les revenus se chiffrent à 80 000 $ et plus. Un résultat qui peut sembler surprenant, puisque ceux qui gagnent un meilleur salaire sont souvent plus scolarisés et mieux informés sur leurs droits, mais qui peut aussi s’expliquer par de fortes craintes, étant plus proche de la haute direction, de perdre son emploi.

L’Ordre prône la tolérance zéro en la matière, ainsi que la mise en place de mesures préventives afin d’éviter que des situations pouvant dégénérer en harcèlement ne contaminent le climat de travail.

Lire les résultats du sondage CROP

Voir le reportage de Mathieu Nadon concernant le sondage réalisé à Ottawa

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