Les raisons de la pénurie de main-d’œuvre en restauration

Les chefs, les cuisiniers et les autres professionnels du domaine de la restauration se font rares. L’enjeu est de taille : environ 30 000 postes ne trouveront pas preneurs au Québec en 2030, selon RH Tourisme Canada. Les raisons ? Autant la société que le milieu de la restauration lui-même sont en cause.

Démographie et tourisme
Le secteur de la restauration emploie surtout des jeunes, parfois à temps partiel, souvent de façon saisonnière. Or, des statistiques récentes montrent que le nombre de travailleurs dans ce groupe d’âge est plutôt bas, ce qui rend le recrutement de plus en plus difficile pour les employeurs. 

En outre, comme la restauration est grandement liée à l’industrie touristique, les bonnes saisons font pression sur les ressources. L’été, par exemple, même si les clients sont au rendez-vous et que la fin de la saison est reportée en raison de l’affluence, beaucoup d’employés, eux, doivent retourner sur les bancs d’école.

Conditions de travail
Les horaires et les salaires sont au premier rang des doléances envers le milieu de la restauration. « Je ne peux pas offrir d’assurances collectives, de régime de retraite, ni même d’augmentation annuelle à mes employés sans mettre en péril la qualité et la survie du restaurant », lance Jérémie Gélinas-Roy, le jeune chef exécutif du Millen, un restaurant de quartier situé dans le nord de l’île de Montréal. Il réussit tout de même à donner un peu plus à ses employés en offrant des horaires plus flexibles. 

« Travailler dans un restaurant, de nos jours, c’est un mode de vie qui demande des sacrifices et tous ne sont pas prêts à les faire, année après année », lance ce chef passionné qui gagne à peine plus que lorsqu’il a commencé à travailler dans le milieu, il y a 14 ans. Le salaire horaire moyen d’un chef cuisinier, selon un sondage de l’Association des restaurateurs du Québec de 2017, était de moins de 20 $. 

Réalités du milieu
Les nombreuses émissions culinaires présentent une image qui ne correspond pas à la réalité des jeunes chefs, qui peuvent se décourager devant l’ampleur de la tâche, selon le chef Gélinas-Roy. « On les voit aller dans les champs cueillir des produits frais et travailler avec des vestes propres… ce n’est pas faux, mais c’est la réalité de ceux et celles qui ont au moins 15-20 ans de métier ! » explique-t-il.

Une cuisine est aussi un lieu particulier, avec sa hiérarchie et la pression inhérente qui vient avec le service aux clients. « Il y a des cuisines où l’ambiance est malsaine, où la compétition est très forte et où les abus verbaux et psychologiques sont monnaie courante, ce qui provoque des départs », dit-il.

Mais du même souffle, le jeune chef tient à ajouter que son métier comporte aussi son lot de moments plaisants. « Lorsque mes clients viennent me féliciter et me remercier, je suis certain que je fais le plus beau métier du monde ! » conclut Jérémie Gélinas-Roy.

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