Que penser de la journée de 6 heures?

En Suède, des entreprises ont décidé de réduire la journée de 8 heures à 6 heures, tout en gardant le même salaire, avec l'espoir de réduire les congés de maladie et d'augmenter la productivité. C'est un succès en Suède, mais est-ce réaliste pour le Québec?

C'est dans la ville de Göteborg, deuxième plus importante au pays, que l'expérience a été lancée en 2014: la moitié des employés municipaux du secteur des soins aux personnes âgées ont travaillé 30 heures par semaine plutôt que 40, en gardant le même salaire. La mairie souhaitait comparer la productivité des deux groupes et, bien sûr, leur bien-être. L'expérience semble avoir été un succès: l'établissement de santé testé a noté une amélioration du service et du bien-être de ses employés.

L'idée n'était pas nouvelle dans la ville cependant, puisque l'usine Toyota de Göteborg faisait déjà travailler ses employés sur deux quarts de six heures, avec relais à midi, depuis près de 15 ans. Selon la direction, les profits de l'usine ont augmenté de 25 % depuis l'entrée en vigueur de la directive, en 2002.

Une mesure viable?

L'entrepreneure et conférencière Isabelle Boyer ne croit pas qu'une telle mesure au soit applicable au Québec, car les entreprises ne sont pas assez compétitives. La présidente d'InnovAction Groupe Conseil fait remarquer que conserver le même salaire en passant de 8 heures à 6 heures par jour équivaut à une augmentation d'un tiers du salaire. « On fait des grèves pour 3 % d'augmentation par année, on ne donnera pas 33 %! L'entreprise n’ira pas chercher 33 % de revenus de plus de l'autre côté, sans compter les frais et les taxes. »

Le coût de l'expérience a d'ailleurs été dénoncé par le parti libéral suédois à Göteborg, l'expérience se détaillant à 850 000 euros par an, soit environ 1,2 million de dollars canadiens. Le Parti de gauche suédois a répliqué que le bien-être des employés devait être pris en compte et que « tout n'est pas qu'une question d'argent », selon ce qu'a déclaré un représentant du parti, Daniel Bermar, au journal britannique The Guardian

La directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, Manon Poirier, déclarait ce printemps que l'idée était assez audacieuse et témoignait de la tendance des entreprises à tenter d'attirer et de retenir de bons employés.

Une solution de rechange à explorer

Bien que de maintenir le salaire égal ne soit pas à la portée de toutes les entreprises, une diminution du nombre d'heures travaillées par semaine serait intéressante pour bien des travailleurs. « Dans ce cas, c'est peut-être applicable. Je connais bien des gens qui voudraient gagner moins, pour passer plus de temps avec les enfants », fait valoir Isabelle Boyer.

L'entrepreneure croit que cela pourrait être possible par exemple au sein d'entreprises saisonnières ainsi que des emplois administratifs qui ne demandent pas nécessairement 40 heures de travail: une diminution des heures ou leur répartition entre les employés est une avenue intéressante à explorer. « Si ça arrange l'employeur et l'employé, il y a moyen de réaliser des choses intéressantes, mais il faut faire un compromis », estime-t-elle.

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